L’Empire perse, avec son centre politique et culturel en Perse, a prospéré de la dynastie Bouyide en 932 jusqu’aux Qajars au XIXe siècle. L’école de calligraphie persane, enracinée dans la tradition islamique, s’est développée à partir du Xe siècle en Perse et a atteint son apogée entre les XIIIe et XVIIe siècles.
Elle est connue pour son écriture nasta’liq, l’un des styles raffinés les plus emblématiques. La calligraphie persane se distingue par sa richesse d’ornements et de décorations, incorporant des motifs floraux, des arabesques et des enluminures élaborées.
Les calligraphes persans sont réputés pour leur précision et minutie dans l’exécution de leurs œuvres, créant des compositions esthétiquement équilibrées. Ils ont été influencés par des calligraphes éminents tels que Mir Ali Tabrizi (1330-1446) et Mir Imad Hassani Qazvini (1554-1615), qui ont apporté des innovations techniques et esthétiques à l’écriture nasta’liq.
1. Styles calligraphiques
1.1 Tâ’lîq (XIVe siècle)
Le tâ’lîq est un style de calligraphie spécifiquement persan, signifiant littéralement « suspendu ». Il est devenu l’écriture nationale en Perse et il atteint son apogée au XVIe siècle. Couramment utilisé dans l’administration et la correspondance, ce style d’écriture est issu du ruq’a et du tawqî’, attribué au célèbre calligraphe Tâj al-dîn Salmani (XIVe siècle).
Ce style calligraphique est très aérien, avec une variété d’épaisseurs et de longueurs des lettres, nécessitant un ample espace et obligeant le calligraphe à rechercher un équilibre permanent lors de sa création. A l’origine, le tâ’lîq est utilisé pour rédiger des commentaires dans les marges du Coran afin de distinguer ces derniers du texte principal. Pour rendre l’écriture plus rapide, les lettres et les mots peuvent être liés, donnant ainsi naissance au style tâ’lîq cassé (nâqis).
1.2 Nasta’liq (XIVe siècle)
Le nasta’liq est l’un des styles les plus célèbres et les plus élaborés de la calligraphie persane. Apparu au XIVe siècle en Perse, il est largement utilisé pour écrire des poèmes persans, notamment pour les sagesses des maîtres soufis, des textes littéraires et des correspondances officielles. Selon la légende, il aurait été inspiré à Mir Ali Tabrizî (vers 1360-1420), lors d’un rêve où Alî (vers 600-661), gendre du Prophète, lui aurait demandé de s’inspirer de la démarche de l’oie pour créer un nouveau style calligraphique. Le nasta’liq se caractérise par des lignes courbes, fluides et élégantes, ainsi que par des variations de taille et d’épaisseur des lettres, capturant ainsi la beauté et l’émotion du langage poétique.
Des maîtres calligraphes renommés tels que Mir Ali Tabrizî (vers 1360-1420), Mir Imad Hassani Qazvini (1554-1615) et Mirza Gholamreza Isfahanî (1830-1884) ont grandement contribué à son développement et à sa popularité en Perse.

Encensoir
(brûleur d’encens)
Bronze, 14 x 14 cm
Fondation ADLANIA, Objets, OBJ-478

Manuscrit d’astrologie sur l’état des corps célestes, leurs mouvements et l’état des planètes de Kharâqī
XIIIe siècle
Mode : Nasta’lîq
Papier, 37 x 25 cm
Fondation ADLANIA, Manuscrits, MAN-629

Calligraphie persane
Mode : Nasta’lîq
Papier, 39.5 x 58.5 cm
Fondation ADLANIA, Manuscrits, MAN-559
2. Maîtres fondateurs
2.1 Mir Ali Tabrizî (vers 1360-1420)
C’est un calligraphe d’une grande modestie qui a enrichi l’écriture arabe et persane de son talent. Sa plume exceptionnelle a surpassé le style tâ’lîq de son vivant. Lors d’un pèlerinage à La Mecque, il demanda à l’un de ses compagnons d’offrir aux autorités une biographie du Prophète, calligraphiée de sa main. Le responsable de la mosquée s’apprêtait à décliner cette offre, quand le visage du Prophète lui apparut en songe. Depuis lors, la légende prétend que Mir Ali Tabrizî fut le protégé du Prophète lui-même et que son trait donnait vie à ce qui n’existait pas encore.
2.2 Mir Imâd al-Hassanî (1554-1616)
Originaire de Qazvin (Iran), il commence son parcours artistique en faisant ses premières études dans sa ville natale. Son voyage créatif débute dans l’atelier d’un peintre, où il apprend la technique de la couleur, et se passionne pour la science du trait. Intrigué par les récits sur le célèbre calligraphe Molla Mohammed Hosseïn (m. 1577), résidant à Tabriz, Mir Imâd décide de le rencontrer et de devenir son élève.
Poursuivant sa quête de perfection, Mir Imâd se plonge par la suite dans la contemplation des signes, au point d’oublier la notion du temps. Son voyage le conduit ensuite en Turquie et dans d’autres régions, où il cherche à confronter la réalité à son imagination. Finalement, il décide de s’établir définitivement à Ispahan, attiré par la richesse artistique et culturelle de cette ville.
2.3 Mirza Gholamreza Isfahânî (1830-1886)
Mirza Gholamreza Isfahânî (1830-1886) s’illustre comme maître de la calligraphie persane, durant la période Qajar, notamment dans les styles nasta’liq et shekaste nasta’liq. Mystique, écrivain passionné et homme de foi, il commence son éducation à l’âge de cinq ans, et mémorise le Coran en deux ans.
À treize ans, il crée des œuvres notables, dont un journal relatant une expérience spirituelle en rêve. Profondément influencé par sa dévotion envers l’Imâm Ali, il atteint son apogée créatif au cours des deux dernières décennies de sa vie. Son style unique s’exprimait pleinement dans ses œuvres, démontrant sa maîtrise exceptionnelle de la fluidité de la forme de l’écriture nasta’liq. L’une de ses dernières réalisations fut la gravure du sceau du mausolée de l’Imâm Rezâ (766-818), marquant symboliquement la fin de la carrière calligraphique de ce maître incontesté dans l’art de l’écriture en Iran.

Bague
(Gloire à Allah le Meilleur des créateurs)
Mode : Thuluth
Fondation ADLANIA, Objets, OBJ-3120

Calligraphies de versets coraniques
1891
Copiste : Abd al-Qadîr
Modes : Naskhî, Thuluth et Nasta’lîq
Papier, 74 x 45,5 cm
Fondation ADLANIA, Manuscrits, MAN-558

Calligraphie persane encadrée d’enluminures florales
Copiste : Abû al-Hassan Tabrîzî
Mode : Nasta’lîq
Papier, 39,5 x 30,5 cm
Fondation ADLANIA, Manuscrits, MAN-424
3. École Moghole
Pendant la période moghole (XIIIe -XIVe siècle), la calligraphie islamique est influencée par les traditions persanes, chinoises et indiennes, développant un style unique avec l’utilisation des écritures moghols tels que le Phags-pa, le Soyombo et le Ouighur. Elle transmet des textes religieux, des poèmes et des œuvres littéraires avec minutie et attention aux détails. Le « Grand Coran de Baydibek », écrit en Phags-pa durant le règne de l’empereur Yuan Temür (1265-1307), est un remarquable chef-d’œuvre de cette forme d’art. Il en est de même avec le style bihari développé au Nord de l’Inde après la conquête de Tamerlan (1336-1405) au XIVe et que l’on trouve également chez les musulmans du Sri Lanka.

Sceau généalogique islamique
en pierre de jade
gravé au nom de Hazrat Sultan Khwaja Ahmad Yasawî
7 x 13.5 cm
Fondation ADLANIA, Objets, OBJ-3592

Acte de mariage en persan
1873
Mode : Nasta’lîq
Papier, 83 x 57 cm
Fondation ADLANIA, Manuscrits, MAN-521